Une véritable école de vie

«D’un côté, nous exploitons le large éventail d’activités sportives proposées, d’un autre, nous profitons de cette occasion privilégiée de nous retrouver ensemble et d’expérimenter un peu d’autonomie dans un cadre protégé et sans risques». Roberta Bertozzi, professeure d’italien, décrit la semaine au CST comme une expérience alliant sport et vivre ensemble, dans un espace qui, ma foi, fleure bon la liberté.

Apprendre à se connaître

L’un des aspects positifs de cette semaine qui sort de la routine, c’est les liens que l’on y crée, qui diffèrent de la relation classique entre élève et enseignant tissée dans un cadre scolaire normal: «En tant qu’enseignante, j’apprécie de pouvoir côtoyer les jeunes en dehors de la salle de classe et d’interagir avec eux de manière plus humaine et moins structurée – tout en respectant certaines règles. Quand on revient de Tenero, les liens ne sont plus les mêmes: l’élève connaît la personne qui se tient derrière le pupitre», explique la professeure.

Mais un autre voyage cognitif est effectué dans le même temps, à la découverte de soi-même. L’exercice physique met en lumière les limites et les possibilités que nous avons et dont, souvent, nous ignorons l’existence. Surmonter un obstacle après l’autre permet d’augmenter l’estime de soi «et de gérer les tâches qui nous incombent en toute autonomie», ajoute Mme Bertozzi. «L’école entend aussi encourager les jeunes à se détacher de leur téléphone.»

La force du groupe

S’il s’agit sans aucun doute d’une expérience enrichissante, elle n’est toutefois pas exempte de difficultés. Mme Bertozzi admet que le séjour met à rude épreuve ce qui a été construit en classe: les difficultés subsistent, il faut les surmonter ensemble, en créant une relation de confiance réciproque.

Parmi les élèves de troisième année, plusieurs jeunes souffrent de diabète. Pour gérer cette problématique, l’école s’en remet à l’expertise de Heidi. L’activité physique est importante, puisqu’elle permet de consommer le sucre que produisent les muscles et de faire baisser la glycémie. Il est toujours important de contrôler le niveau de glucose pour ne pas tomber en hypoglycémie à cause de la mauvaise utilisation de l’insuline par l’organisme. Le camp interdisciplinaire offre la possibilité de mieux se connaître soi-même et de nouer de nouvelles amitiés, confirment Giacomo, Giada et Viola. Tous trois font du sport durant leur temps libre, qu’il s’agisse de basket-ball ou de judo, mais ce camp n’a rien à voir: ici, on peut s’essayer à toutes sortes d’activités et s’affronter entre amis hors du cadre scolaire habituel.

Simona, une autre enseignante, souligne les difficultés émotionnelles auxquelles les jeunes peuvent être confrontés et explique que c’est justement au sein du groupe que l’on peut trouver du soutien: «Dans les moments où l’on se sent fragile, où l’on ressent de l’anxiété ou de la mélancolie, le groupe peut nous donner de la force. C’est une expérience constructive, qui permet d’accepter les déceptions et les échecs, et de renforcer son caractère. C’est en tirant des leçons de ses erreurs et en observant comment les autres surmontent les difficultés que l’on parvient à trouver sa propre voie.» En d’autres termes, c’est une école de vie, au sein de laquelle les élèves sont forcés de sortir de leur zone de confort et sont mis dans une situation où ils doivent faire face à une nouvelle réalité sur le plan émotionnel.

Nouvelles expériences

«On ne peut pas prévoir: pour certains, c’est une expérience très intense, parce qu’ils ont tendance à se reposer sur leurs acquis», commente Simona. Le cadre scolaire habituel laisse peu de liberté aux jeunes pour faire leurs expériences, et essayer de nouvelles choses, c’est passionnant. Le fait même de dormir sous tente comporte son lot de difficultés, tout comme partager son espace personnel avec ses camarades de chambrée.

Pour Simona, l’offre du CST est fantastique. «De par l’atmosphère qu’il propose, plus empreinte de spontanéité qu’une salle de classe, le CST révèle différents aspects de chaque personne. Si quelqu’un possède un brevet J+S, il peut s’impliquer dans le jeu avec les élèves, qui ont ainsi, comme je l’ai déjà dit, la possibilité de nous voir sous un autre angle, non pas en classe où nous sommes principalement appelés à gérer des dynamiques définies, mais dans une ambiance plus légère.»