«Ce camp d’entraînement est une occasion de développement personnel qui ne manque pas d’intérêt», explique Valentina Ciceri, qui fréquente ce camp depuis toute petite. «Tandis que dans d’autres lieux, l’offre est plutôt limitée, ici nous pouvons chaque année découvrir de nombreuses activités complémentaires.» De l’escalade aux disciplines aquatiques en passant par le skimboard et le street racket, les possibilités qu’offre le CST sont infinies.

Apprendre à partager
«Mais n’oublions pas la dimension interactive – notamment quand on est projeté sur le tatami – ni le respect: celui des règles simples (mais précises), mais aussi celui des camarades et des autres sociétés. C’est là un élément phare de notre club. Le judo ne consiste pas juste à se bagarrer: il est fondé sur des valeurs comportementales comme la modestie, l’amitié et la maîtrise de soi.» Le président Tazio Gada souligne le caractère enrichissant de la semaine: «Un camp d’entraînement donne la possibilité d’apprendre à partager à la fois le matériel et les espaces; dans la cuisine, par exemple, il faut débarrasser, essuyer la vaisselle et ranger tous ensemble. C’est une expérience de vie communautaire, où collaborer est nécessaire. Les premières nuits, certains peuvent ressentir un peu de mélancolie, il faut s’acclimater.»

Comme en témoignent Chiara et la toute jeune Stella, totalement sous le charme du lac et des activités qui y sont proposées: «C’est une expérience merveilleuse surtout à cause des gens avec qui on la partage; on reviendra sûrement l’année prochaine!» Elles apprécient aussi la cuisine proposée par Tiziano, Fausto et Margrit, «même si je dois admettre que ma maman est meilleure cuisinière, précise Stella. Ce n’est pas difficile de partager les espaces: les nouvelles tentes (dotées de lits superposés) sont plus pratiques.» Un confort non négligeable aussi aux yeux d’Alice et Greta. «Mais si quelqu’un ronfle, il faut quand même trouver des solutions... Les écouteurs dans les oreilles, ça fonctionne bien!»

Des souvenirs à raconter plus tard
Ces camps d’entraînement sont assez intensifs. «On ne s’arrête jamais. D’un autre côté, la vie en camping, c’est quelque chose de particulier.» Le club a en outre pour objectif de sensibiliser ses membres à la consommation de tabac et à l’usage du téléphone. Ceux-ci sont exhortés à passer d’une utilisation presque pathologique à moins d’une heure au cours de la journée. Et ils constatent que cela n’a aucune répercussion. «C’est un moyen sympa de se désintoxiquer des réseaux sociaux et de profiter des personnes autour de nous», conclut Greta. Le cercle des judokas ne manque pas d’athlètes francophones, tous subjugués par l’ampleur du CST: «C’est fantastique de découvrir de nouvelles disciplines et de pouvoir expérimenter différentes activités.» Christian et Lorenzo sont quant à eux sur le tatami depuis des heures, bien décidés à continuer de se mettre au tapis à tour de rôle sous les recommandations du maître Yoshiyuki Hirano. Tous deux n’ont qu’une hâte: revenir à Tenero et faire découvrir le centre à leurs camarades de club ou à leurs amis. Cette semaine d’immersion totale dans le judo, où règnent l’insouciance et la bonne humeur, ne serait pas possible sans la présence incontournable de nombreux volontaires. Parmi eux, un nom ressort: celui de Giorgio, qui est pour ainsi dire né sur un tatami. «Les premières années, le camping n’était pas encore aussi moderne: les cuisines étaient des sortes de chapiteaux et on devait tout laver à la main, il n’y avait pas de lave-vaisselle. J’ai grandi avec ce centre et c’est fascinant de voir son évolution. Je ne manquerai pas de le raconter plus tard!»

Une ceinture spéciale
En tant qu’athlète, on n’est pas forcément habitué à endosser des responsabilités comme faire respecter le couvre-feu ou consoler un enfant qui s’ennuie. Bien que les activités soient des plus fatigantes, «les jeunes trouvent toujours encore un peu d’énergie pour faire les fous jusqu’à l’épuisement. J’adore être en contact avec les enfants, les voir grandir et apprendre à une vitesse folle... Passer une semaine à Tenero est toujours très enrichissant.» Martin effectue quant à lui sa première semaine comme moniteur: «Pour les petits, c’est génial d’avoir le sentiment d’appartenir à un groupe et de faire du sport dans un lieu protégé. Le centre propose une expérience bien différente de ce qu’on trouve de l’autre côté du Gothard, surtout en été. Ici, il y a à la fois le lac et la montagne. D’ailleurs, le mot d’ordre de ce camp, c’est judo et divertissement. Un savant mélange entre la discipline et l’amusement.» Comme nous l’avons déjà dit, les volontaires sont un élément indispensable de ces camps. À l’occasion du trentième camp du Judo Budo Club, ils ont reçu en remerciement une ceinture avec leur nom inscrit en japonais. L’expérience est restée gravée dans le cœur de Rezio Gada. «C’est un exercice très prenant, puisqu’il nous occupe du matin au soir. Avant, le centre n’avait pas autant de possibilités. La structure externe est bien utile, car les jeunes peuvent y évoluer en toute liberté sans danger. Pour ma part, j’ai pu pratiquer ici des sports que je n’aurais jamais essayés sinon.» Tenero permet de révéler des points forts comme des points faibles. «Oui, quelqu’un qui est peut-être un peu moins doué en judo peut se découvrir d’autres talents, en tirer des satisfactions et se distinguer sur un autre terrain. C’est quelque chose qui peut servir dans la vie de tous les jours.»

Traduit à partir d’un article publié dans le quotidien La Regione du 5 octobre 2023.